Evolution de la « mozika mafana » – La musique tropicale tend vers l’électronique

Shyn et Denise sont les porte-fanions de la musique urbaine du moment.

Les années passent et le monde change, la musique évolue. À Madagascar, les musiques tropicales ont connu une fluctuation considérable ces vingt dernières années. Riche en genres et en styles de musique, Madagascar possède toute une multitude de musiques rythmées qui se différencient d’une région à une autre. Basesa, Batrelaky, Salegy, Kilalaky… ces styles sont véhiculés par des artistes précurseurs, mais évoluent également à chaque génération. Qui ne se souvient pas des « o gorisagorisa » de Jean Fredy, ou des « Aro malemilemy » du roi du salegy. Il fut un temps où les musiques tropicales jouaient de la rythmique et de la musique. Il y a vingt ans, Din Rotsaka, Tianjama, Rossy étaient les noms à retenir à titre de grosses pointures. La gent masculine a fait un tabac auprès du grand public. Attirant une foule monstre en chantant à guichets fermés, chacun de ces bonshommes réussissait à rassembler des milliers de spectateurs en étant seul en tête d’affiche.

Le temps passe et les rythmes s’accélèrent avec les Kilalaky de Tsiliva et celui de Barinjaka. Deux noms incontournables quand on évoque le genre musical issu du Menabe. Par la même occasion, les femmes prennent la relève dans les années 2000. Les chanteuses de musique tropicale se démarquent. Mis à part les chansons très rythmées, elles usent de leur charme pour séduire le grand public. En temps de crise, les musiques tropicales sont rangées dans les placards mais en temps de propagande, ces artistes amassent le plus souvent des contrats juteux. Jerry Marcoss a connu son ère de gloire dans les années 2000. Sa carrière a connu une montée en flèche lors de sa participation aux campagnes des élections présidentielles de 2002 et 2007.

L’ère des divas. Les femmes d’âges murs montent sur scène et rencontrent un succès inattendu, à l’instar de Dah Mama et Vaiavy Chila. Les plus jeunes ne sont pas en reste non plus. Les chanteuses issues des côtes de Madagascar séduisent non seulement les habitants des régions côtières mais surtout ceux de la capitale. Si la plupart du temps, la chanteuse fait office de danseuse également, ces professionnelles des déhanchés s’arment de leurs atouts physiques. Aujourd’hui, les reines du podium s’appellent Tence Mena, Black Nadia ou encore Stéphanie. Si les genres de musique restent les mêmes, les façons d’exploiter les rythmes diffèrent entre elles. Jouant sur plus de visuels, ces dames combinent musique, parole et parade. Dans les clips comme sur scène, ces dernières ne lésinent pas sur le visuel. Plus de danse, des tenues hors du commun, la sensualité est au rendez-vous. Toutefois, la qualité vocale n’est pas en reste. Les unes comme les autres misent beaucoup sur leur particularité et leur singularité.

Depuis ces cinq dernières années, une jeune génération de chanteurs refait surface avec des sons plus modernes. Plus soft mais plus technique. Dorénavant, c’est le couple de star Shyn/Denise qui caracole en tête. Si la belle est une véritable diva dans le continent africain, son chanteur de mari enchaîne des tubes qui ne cessent de cartonner. Dernièrement, le jeune homme a sorti son dernier titre sur la sensibilisation au confinement. Cette fois, il laisse l’afro beat et la RNB pour se laisser tenter par le trap. Et, apparemment, les fans sont agréablement surpris par l’aisance du chanteur à faire du rap. En tout cas, coup d’essai, coup de maître.

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